Celle qui se fait appeler Beatrix est une jeune femme au regard étrange : un œil bleu abyssal, l'autre doré et parcouru de fractures lumineuses, comme si une étoile s'était brisée dans son orbite. Sa peau cendrée reflète la pâleur du Plan de l’Ombre, et de longues mèches argentées tressées encadrent son visage impassible. Sa robe d’un noir profond est brodée de filaments dorés formant d’étranges constellations mouvantes, et son large chapeau, orné de symboles occultes, semble capter la lumière ambiante pour mieux l'étouffer.
Plutôt fine, frêle de corpulence. Son visage est fin, aux traits affirmés et bien dessinés.
L'un de ses yeux ressemble à une étoile brisée, comme si la couleur de la pupille avait éclaté sur sa peau, formant une marque sur sa joue gauche.
Une tenue sombre, ornée de différents symboles dorés, qui lui remonte jusqu'au cou. Ses mains sont dépourvues de gants et ou de bijoux. Un grand chapeau à l'envers bleuté, orné de fins bijoux d'une couleur dorée, avec la symbolique de l'astrologie, un sujet qui lui est cher.
Une broche orne le tour de cou de tissu, exhalant une légère aura magique.
Réservée et calme, la mage préfère le silence des études au fracas des armes. Adepte de la lecture et de la réflexion, elle est moins prompte à agir que ses deux camarades Sarethil et Ulfgar, et préfère leur laisser les devants. Un peu timide sur les bords, peut-être même introvertie, elle préfère observer.
Elle rejoint Ravel en suivant Sarethil et Ulfgar, plutôt curieuse par rapport à ce que ce nouveau travail pourrait lui apporter.
Plus qu'une envie de gloire ou de richesse, c'est surtout la curiosité qui l'a poussée à rejoindre la Guilde.
Elle semble bien connaitre Sarethil et Ulfgar, voyageant avec eux depuis un bon moment.
Orpheline née dans les brumes mouvantes du Plan de l’Ombre, Beatrix n’a jamais connu ses parents — seulement les échos de leur disparition, murmurés dans les couloirs d’un monde froid et spectral. Recueillie par une cabale d’arcanistes errants, eux aussi exilés, elle grandit parmi les grimoires poussiéreux et les cartes stellaires.
Douée pour les arcanes et fascinée par les cieux, Beatrix développa une obsession pour les conjonctions cosmiques, persuadée qu’un ordre caché guidait les fils du destin — peut-être même les siens. Son petit clan, à la fois famille et ami, étudiaient les cieux et la magie, en quête d'une vie meilleure dans le Plan des Ombres.
Enfant, elle démontra une aptitude toute particulière pour la magie, et notamment les formes de magie dites destructrices, élémentaires. C'est donc dans cette voie qu'elle s'engagea, choisissant de perfectionner les petites boules de feu et les rayons de givre plutôt que la divination de ses pairs.
Adolescente, elle étudia sans relâche, perfectionnant sa maîtrise des forces magiques tout en cherchant un sens à son existence. Elle était intelligente, douée, et pleine d'espoir. L'espoir d'une vie meilleure, la vie dans le plan des Ombres en étant nomade était dangereuse.
Adulte, on la maria à un homme de ce groupuscule. Un homme dur, qu'elle n'aimait pas, mais donc les aptitudes magiques n'étaient plus à prouver. On la fit tomber enceinte, porteuse d'une vie destinée à assouvir les desseins de la cabale. Son bébé aurait dû devenir un augure, un guide pour leur petit groupe errant à la recherche de secrets dans le Plan de l'Ombre. C'est avec l'honneur de devenir la mère de l'Oracle qu'elle porta sa grossesse, malgré les nausées, les douleurs, et les moments fébriles où ses doigts ne pouvaient même plus tracer de runes dans les airs. Elle aimait son fils si fort qu'elle en négligeait ses études cosmiques ou magiques, alors qu'il n'avait pas encore vu le jour. Enfin, elle avait trouvé une raison de vivre. On lui remit un pendentif, une minuscule représentation de constellations cerclée d'argent.
Et son enfant naquit. Un fils vigoureux, plein de vie, alors qu'elle n'avait que vingt-trois ans. C'est avec tout l'amour dont elle était possible qu'elle prit son nouveau rôle de mère, veillant sur son fils, sacrifiant son sommeil, le nourrissant au sein, changeant ses langes avec patience.
Elle n'eut qu'un an pour le connaitre avant que le rituel décidé par la cabale ne prenne lieu.
C'est lorsqu'elle déposa son enfant sur l'autel du rite, récitant des paroles magiques dans la sombre langue du plan des Ombres. Elle était convaincue qu'il était du destin de son enfant de les guider. La fierté étreignait son cœur comme la poigne solide de la nuit sur ses enfants.
Mais au moment décisif, la forme attendue, l'augure ne se releva pas, ne se manifesta pas. L’autel implosa dans une volute de brume chatoyante. La magie se déploya dans l’air comme une respiration avortée, lui faisant fermer les yeux. Quand elle les rouvrit, l’un était devenu bleu, l’autre fendu comme une étoile morte, dégoulinant sur sa peau et la craquelant comme une fissure maudite.
Et sur ses mains, du sang.
Fébrile, elle leva le regard vers l'autel, remplie d'un espoir qui vola en éclat lorsqu'elle vit le résultat de ce rituel.
Ce n’était pas l’enfant, ni le guide qu’elle espérait. Mais une masse informe, sans âme ni volonté. Une vie avortée, déchiquetée. Ce bébé, qu'elle avait porté et aimé pendant plus d'un an, gisait sur l'autel, sans vie. Elle s'effondra en hurlant sa douleur, celle d'une mère dont l'enfant avait été dévoré par la magie, par la nuit, par les ombres.
Ses yeux étaient fatigués de pleurer lorsqu'elle enterra son enfant, ou ce qu'il en restait, et ce n'est que lorsque l'un des membres de la cabale, son propre mari, vint la chercher pour continuer leur périple en disant que ce n'était pas grave. Qu'ils auraient un autre enfant. Que le destin du fruit de leur union était grandiose, et que tous les sacrifices en valaient la peine.
Rejetant la main de celui à qui elle avait été promise et mariée, dont elle avait partagé la vie et la couche, elle ramassa son sac, et s'enfuit de la cabale.
Elle maudit la cabale, la magie, la vie-même, qui lui avait arraché ce qu'elle avait de plus cher. Profondément choquée par la mort de son enfant, ayant enterré la seule chose pour laquelle elle avait éprouvé une once d'affection, Beatrix ne fut plus jamais la même.
Cela la rendit plus forte. Plus distante. Mais aussi plus déterminée. Plus froide. Ses émotions étaient mortes en même temps que son fils, dévoré par la magie nocturne.
Les années suivantes furent nomades. Pendant trois ans, elle vécut seule. La solitude lui convenait mieux, à présent. Le pendentif battant contre sa poitrine en guise de seul souvenir de son ancienne vie.
Lassée de ce que le plan des Ombres avait à offrir, elle le quitta pour rejoindre le plan Matériel.
Un soir, ses pas la menèrent à une ville-frontière d’Andoran, crevassée de ruelles humides et de regards lourds. Dans une taverne crasseuse, elle assista à une scène trop familière : des bandits en quête de domination facile. Mais avant qu’elle n’intervienne, deux autres se levèrent :
— Sarethil, un elfe borgne au sourire usé,
— Ulfgar, un barbare banni aux poings éloquents.
Ensemble, ils dispersèrent les agresseurs avec une brutalité méthodique. Dans le silence qui suivit, autour d’une chope partagée, naquit une compréhension tacite : un lien dans le chaos.
Le trio décida alors de rejoindre la guilde de Ravel — une guilde de mercenaires installée à Absalom, où leurs chemins, à défaut d’être limpides, pourraient au moins converger.