Krizboum est petit, nerveux, et couvert de tics. À première vue, on pourrait le prendre pour un tas de chiffons animés par une malédiction, mais c’est bel et bien un gobelin, et même un sacré spécimen.
Il mesure un peu plus d’un mètre, avec une silhouette osseuse mais musclée, tendue comme une corde prête à lâcher. Sa peau est vert-jaune maladif, parsemée de cicatrices, de croûtes et de taches de poudre noire. Il ne sent pas bon – un subtil mélange de soufre, d’huile de mécanique et de morve séchée.
Son visage est une grimace perpétuelle. Il a deux grands yeux globuleux rouges-ambre qui brillent d’une malice explosive, et un nez crochu plein de pustules, souvent dégoulinant. Ses dents sont irrégulières, pointues et tachées, mais il les montre fièrement dans un rictus sadique. Son oreille gauche est déchirée en trois, suite à un duel "amical".
Il porte un tricorne déformé, surmonté d’une plume qui a manifestement été volée à un oiseau mort depuis longtemps. Son manteau de capitaine est un assemblage de bouts de tissus rouges, noirs et violets, avec des boutons disparates et des épaulettes cousues de travers. En dessous, une chemise à jabot tout aussi sale et un pantalon trop large tenu par une corde.
À sa ceinture, il arbore fièrement "Dame Boum", son pistolet de duel finement ouvragé, toujours astiqué (contrairement à lui). À l’autre côté pend "Crassechoppe", son dogslicer acéré et cabossé, dont la lame est parfois encore rouge après les combats. Sa botte gauche est trop grande (probablement volée), et l’autre est remplacée par une planchette renforcée de clous, qu’il claque au sol comme un avertissement.
Il porte aussi une sacoche bandoulière pleine de cartouches, de rouages, de grenades artisanales et de trucs qu’il appelle "ingrédients secrets", mais qui ressemblent surtout à de la camelote très inflammable.
On dit que Krizboum est né d’une alliance contre-nature entre une tempête, une barrique de poudre noire et un filet de poisson avarié. L’histoire est sûrement fausse, mais elle colle parfaitement à ce gobelin aussi bruyant qu’incontrôlable, qui ne connaît ni la discrétion ni le bon sens.
Élevé dans les égouts crasseux d’un port infesté de rats, de rumeurs de pirates et de relents de rhum, Krizboum grandit avec une obsession en tête : devenir un capitaine redouté, respecté… et surtout très, très bruyant. Le problème ? Il n’a jamais mis les pieds sur un vrai navire. Mais ça ne l’a jamais arrêté.
Son "bateau", La Fracasse-Mer, est en réalité une vieille barrique éventrée montée sur une charrette grinçante. À son bord : un canon rouillé qu’il appelle Pépé Krache et quelques mouettes galeuses qu’il a promues officiers de bord. Quant à son "équipage", il n’existe que dans son imagination, mais ça ne l’empêche pas de leur hurler des ordres absurdes à tout moment.
Son arsenal, lui, est bien réel : un vieux dogslicer rouillé trouvé sur un cadavre et un pistolet de duel cabossé gagné lors d’un duel truqué dans une taverne. Il l’a baptisé Dame Boum, et lui parle comme à une amante fidèle. Sur le champ de bataille, Krizboum mélange tirs rugissants, cris de guerre absurdes et charges déjantées : "UN TIR POUR LA DAME ! UNE TRANCHE POUR LES VERS !" hurle-t-il, hilare, en fonçant sabre au poing.
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Mais sa vie prend un nouveau tournant le jour où, dans une taverne particulièrement moisie, il tombe sur un vieux marin ivre mort qui, entre deux éructations, raconte les exploits de la Guilde Ravel, une bande d’aventuriers légendaires qui auraient défié des monstres marins, découvert des trésors oubliés et voyagé plus loin que l’horizon. Krizboum n’a pas tout compris — surtout à cause des pets du marin — mais une chose était claire : ces gens-là vivent comme de vrais pirates.
Depuis, Krizboum a un nouvel objectif : rejoindre la Guilde Ravel, se faire un nom, et prouver au monde (et surtout à lui-même) qu’il mérite enfin le titre de Capitaine. Un vrai. Avec un vrai bateau. Et un vrai équipage. Enfin, un jour. Peut-être.