Sarethil est un elfe au port rigide et à la démarche parfaitement contrôlée, comme s’il pesait chacun de ses pas pour ne jamais troubler l’air autour de lui. Sa silhouette est longiligne, taillée pour la vitesse et le silence : ni trop mince, ni lourdement musclée — un équilibre entre grâce et létalité. Il dégage une froideur presque surnaturelle, comme s’il portait l’hiver dans ses veines.
Sa peau a un teint cendré, presque gris-bleu, évoquant les elfes des forêts mortes ou des ruines glacées. Ses cheveux sont longs, argentés avec des reflets métalliques froids. Ils sont attachés en une tresse qui tombe sur son épaule gauche, le reste libre sur le côté droit pour masquer partiellement son visage. Son visage est anguleux, comme sculpté dans la pierre : ses pommettes sont hautes, sa mâchoire ferme, son regard tranchant. Il a un œil doré, l’autre voilé d’un gris laiteux, comme s'il avait été brûlé.
Toujours habillé d'une tenue sombre, il porte une armure de cuir noir huilée, ajustée à son corps, gravée de symboles elfiques. Le reste de sa tenue indique une occupation d'un métier d'ombres et de silences.
Sarethil est un être façonné par le silence, l’ombre et le poids des serments oubliés. D’un naturel glacial, il se tient toujours à l’écart, observateur invisible dans les marges du monde. Il parle peu, et jamais pour combler le vide : chaque mot qui passe ses lèvres est pesé, ciselé, comme une flèche qu’on n’aurait pas le droit de manquer. Ce mutisme n’est pas un masque — c’est sa nature. Le silence, chez lui, n’est pas absence : c’est un langage plus ancien que les mots.
Derrière ce calme minéral se cache un esprit en tension constante. Sarethil est un perfectionniste impitoyable, d’abord envers lui-même. Il se lève chaque jour avant l’aube — qu’il dorme ou non — pour entretenir ses armes, entraîner ses réflexes, ou méditer. Il vit selon un code personnel strict, qu'il a hérité d'un passé qu’il refuse d'évoquer. Son monde est structuré autour d’un principe central : le contrôle. De soi, du moment, de la cible. L’échec n’est pas une option ; il est une trahison envers sa propre existence.
De fait, Sarethil ne tue pas par goût du sang. Il n’éprouve ni plaisir, ni remords. Il tue parce que cela est nécessaire — parce que certaines personnes doivent mourir pour que le monde puisse continuer à respirer. Son épée et son arc sont les instruments d’un ordre plus profond, plus ancien, que la justice elle-même. Il ne hait pas ceux qu’il traque. Il ne les méprise même pas. Il les efface — proprement, méthodiquement — comme un scribe efface une faute dans un texte sacré.
Ses motivations sont secrètes, même pour ceux qui le connaissent. Derrière ses contrats, ses errances et ses silences, il poursuit des buts bien plus vastes qu’un simple assassin ne devrait porter. Il est hanté par un œil devenu aveugle, qui voit des ruines englouties, des visages sans nom. Parfois, il entend des voix, dans ses nuits sans sommeil, des voix qui l’appellent.
Dans une taverne mal famée d'Andoran, Sarelith fut témoin d’une altercation avec une bande de coupe-jarrets un peu trop sûrs d’eux. Alors qu’il s’apprêtait à savourer un verre d'eau, deux étrangers vinrent à sa rescousse : Beatrix, une magicienne avec un grand chapeau, et Ulfgar, un barbare aux pectoraux saillants. Ensemble, ils mirent les bandits en déroute avec une efficacité incroyable. Une chope plus tard, le trio découvrit une étrange complémentarité, mêlant force, finesse et savoir.
Sarethil Nyrilas était jadis l’un des plus prometteurs archers de Kyonin, reconnu pour sa discipline, son sang-froid et son efficacité mortelle, malgré son héritage trouble. Son style de tir était si précis qu’on le voyait déjà rejoindre les rangers les plus émérites de Iadara. Pourtant, derrière cette façade de perfection elfique, brûlait un esprit rongé par le doute et l’obsession de la pureté.
Lors d’une mission de purge contre des cultes démoniaques non loin d'Or Vert, Sarethil fut trahi par ses compagnons, des nobles de Kyonin qui voulaient l’écarter de la cour. L’un d’eux l’abandonna dans une embuscade de fiélons. Il ne survécut que grâce à une chance insolente, mais perdit l'usage de son oeil droit.
Fuyant les démons, il se réfugia dans l'Ombreterre, jusqu'aux profondeurs du Sombrelabyrinthe, où il trouva un autre elfe répudié : un vieil assassin de la Confrérie du Linceul Noir, un culte secret dédié à Norgorber. De lui, il apprit les voies du meurtre parfait : pas de combat loyal, pas d’honneur, juste le silence, la précision et la mort. Il y resta pendant cent ans et un jour.
Décidant enfin de rejoindre la surface, il quitta le Kyonin, plein de ressentiment, mais sans haine : les nobles avaient bien fait de le punir pour son arrogance, il avait trouvé auprès du Linceul Noir une nouvelle voie. Une voie de discipline, à travers la mort.
Sarethil a rejoint la guilde de Ravel pour parfaire son entrainement, et parce que la guilde n'offre pas de rêves de gloire ou de rédemption. Elle sera un passage, une élévation, et peut être un moyen d'accomplir la volonté du Linceul Noir.