Serelyndra est une silhouette élancée, drapée d’un manteau noir à la coupe noble. Elle n’a pas la beauté vive des mortelles : elle est une élégie en mouvement, toute de silences et de regards fendus.
Sa peau est pâle comme la cire d’un cierge oublié, presque translucide par endroits, et ses longs cheveux blancs tombent en cascade jusqu’à ses hanches, ondulant comme un voile de neige sous un vent nocturne. Ses oreilles pointues trahissent une ascendance elfique, mais leur finesse est altérée par une étrangeté morbide.
Sous ses vêtements, elle porte un corset de cuir et de tissu rigide, qui souligne une silhouette sculpturale : des hanches pleines, une poitrine généreuse mais parfaitement contenue, une taille fine comme sculptée dans la cire. Sa tenue, volontairement stricte, laisse deviner plus qu’elle ne montre, mais le moindre bouton défait ou la moindre goutte de sang glissée le long de sa gorge donne à sa présence une intensité presque indécente.
Ses yeux rougeoyants brûlent sous sa frange, pareils à des braises humides — lourds de secrets, de compassion contenue, et parfois d’un éclat féroce quand elle juge les morts revenus.
Sous ses lèvres pâles, deux canines affutées luisent à peine — trop fines pour être grotesques, assez visibles pour rappeler qu’elle est née d’un souffle interdit.
Sa tenue évoque un ancien ordre religieux, mâtinée de décadence gothique : col haut brodé, jabot immaculé, boutons dorés …
Serelyndra est un paradoxe à elle seule : une douceur pleine de prudence, comme un rayon de lune qui refuse de se mêler à la lumière du jour. Sa voix est basse, posée, presque caressante, mais teintée d’une gravité constante. Elle agit avec délicatesse, parle avec mesure, soigne sans jamais promettre la guérison totale.
Sa tendresse n’est jamais gratuite : elle sait que trop d’espoir peut être une cruauté. Elle ne ment jamais, même quand la vérité est dure. Elle incarne une forme de compassion froide, lucide, sans éclat : celle d’une main posée sur un front brûlant au seuil de la fièvre ou de la mort.
On pourrait l'accuser d’insensibilité — mais en vérité, c’est l’excès d’émotion qui l’a rendue prudente. Elle préfère la distance, les gestes précis, les silences pleins de signification. Sa compagnie est apaisante pour les âmes égarées, mais troublante pour les cœurs trop vifs : on ne sait jamais si elle console ou si elle prépare les adieux.
Née de la nuit entre deux mondes, Serelyndra n’a jamais trouvé sa place dans la lumière. Enfant rejetée par les siens, puis recueillie par un culte local de Pharasma, elle a appris très tôt à voir la mort non comme une fin, mais comme une nécessité sacrée.
Elle n’est pas missionnaire. Elle ne cherche pas à convertir. Elle observe, soigne, intervient — avec cette conviction intime que toute vie est un fil tendu vers l’inévitable, et qu’elle est là pour éviter qu’il ne se rompe trop tôt, ou pour le couper quand il doit l’être.
Elle voit dans les prophéties anciennes de Pharasma des fragments de vérité à assembler. Et dans les morts-vivants, une insulte à tout ce qu’elle a appris à respecter, malgré son état. Elle agit dans l’ombre, soigne dans des ruelles oubliées, rend justice sans fanfare. Non pour la gloire, ni pour la foi seule, mais pour donner un sens à son propre équilibre entre sang et silence.
Serelyndra ne se livre pas facilement. Elle observe avant de parler, teste avant de s’attacher. Ceux qui lui inspirent confiance découvrent une alliée fidèle, protectrice dans le silence, capable de gestes de profonde affection, toujours teintés de mélancolie.
Elle se méfie des exubérants, des idéalistes et des fanatiques. Les âmes brisées ou lucides, en revanche, l’attirent — peut-être parce qu’elle y voit un reflet d’elle-même.
Elle ne méprise pas l’amour, mais ne croit pas en sa pérennité. Elle pourrait aimer, oui — mais comme on allume une chandelle dans une crypte : en sachant que le vent soufflera tôt ou tard.
Il n’y eut pas de cris de joie à la naissance de Serelyndra, dans l'arrière cour d'une auberge miteuse de Caliphas. Pas de mère extatique, pas de bras accueillants. Il n’y eut qu’un souffle glacé dans un lit défait, et un cri étranglé de terreur. Sa mère, une elfe noble tombée sous le charme d’un vampire errant, ne survécut pas à l’accouchement. Son père, quant à lui, n’avait laissé que le souvenir d’un regard rougeoyant dans une ruelle humide.
On abandonna l’enfant dans un sanctuaire de Pharasma, par superstition autant que par peur, et on la baptisa à ce moment, lui donnant un nom de circonstance : Serelyndra, "celle qui vit dans le silence".
L’enfant grandit dans les ombres du temple, dans une salle jamais éclairée par la lumière du jour. Les prêtres virent en elle une contradiction vivante : issue du sang non-mort, mais tournée vers la Dame des Tombes. Certains craignaient qu’elle ne devienne une abomination ; d’autres voyaient en elle une épreuve divine, un signe que même les fils de la nuit pouvaient servir la Balance.
Formée à la médecine comme à l’exorcisme, elle développa très tôt une affinité particulière pour les soins discrets. Elle soignait les blessés que personne ne voulait voir : les prostituées battues, les mendiants infectés, les orphelins mordus par les rats dans les égouts. À force de marcher dans les recoins les plus misérables de la ville, on la surnomma la Médecine du Voile Sanglant, car sa cape était toujours marquée d’éclaboussures cramoisies.
Elle était utile. Alors on la laissa faire.
Mais son existence changea le jour où elle fut contrainte d’utiliser ses crocs. Un assassin avait failli tuer une jeune fille en pleine rue, et seul ce meurtre permit de sauver une vie. Serelyndra ne regretta pas son geste. A ce jour, elle ne le regrette toujours pas. Mais elle sentit ce jour-là le regard lourd de ses pairs, et l’écho du vide en elle, héritage de son sang maudit.
Comprenant que son avenir ne se trouvait plus dans les murs trop rigides du temple, elle fit ses adieux à ses maîtres et s’éloigna, toujours vêtue de son manteau noir à capuche. Elle devint une soigneuse indépendante, une ombre que l’on appelait dans les tavernes pleines de cris, ou dans les arrière-cours poisseuses où le sang coulait pour quelques pièces d’or.
C'est par la force des choses et le besoin d'un toit que Serelyndra a décidé de rejoindre Ravel. Nul ne peut vivre éternellement sans soutien à ses côtés.